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Interview « Le crowdfunding comme levier d’innovation pédagogique ? »

Témoignage de Clément Cahagne, Formateur-Concepteur pédagogique

3 questions à …

 

Clément Cahagne

Clément Cahagne, formateur et concepteur pédagogique a imaginé avec Olivier Bernaert  Pauuse·Playy, un jeu de plateau pour explorer la conception pédagogique multimodale autrement. Il répond aux questions de l’Atelier du Formateur sur le choix du financement participatif, ses impacts sur la création du jeu et les enseignements qu’il en tire pour la communauté des formateurs. Et si financer un projet devenait aussi une expérience d’apprentissage collective ?


Bonjour Clément, tu es avec Olivier Bernaert le concepteur d’un jeu de plateau « Pauuse-Playy » qui est en train de voir le jour. Ce jeu promet une approche ludique de la mise en oeuvre de la conception pédagogique multimodale avec un engagement fort des apprenants. Pourquoi avoir choisi le crowdfunding plutôt qu’un lancement classique et comment s’est fait pour vous le choix de la plateforme de financement participatif ?

Clément : Le crowdfunding n’était pas simplement un choix financier pour nous, c’était avant tout un choix aligné avec l’ADN même de Pauuse·Playy. Notre méthode repose sur la co-construction, l’intelligence collective et l’engagement de toutes les parties prenantes dans la conception de formation. Il était donc naturel que la naissance même du projet suive cette logique collaborative.

Un lancement classique nous aurait enfermés dans une posture de créateurs isolés qui développent un produit en vase clos avant de le proposer au marché. Or, nous voulions exactement l’inverse : impliquer dès le départ les futurs utilisateurs dans l’aventure, recueillir leurs retours, leurs attentes, leurs idées. Le crowdfunding transforme nos contributeurs en véritables co-créateurs du projet. Ils ne sont pas de simples acheteurs, ils deviennent les premiers ambassadeurs d’une méthode qu’ils auront contribué à faire naître.

Sur le plan pratique, le crowdfunding nous permet également de valider l’intérêt réel du marché avant d’engager des sommes supplémentaires dans la production des huit mini-jeux restants. C’est une preuve de concept grandeur nature : si la communauté se mobilise, c’est que notre proposition de valeur résonne vraiment avec un besoin terrain.

Concernant le choix de My Moojo, c’est la plateforme de référence pour les projets à impact éducatif en France. Leur expertise dans l’accompagnement de projets pédagogiques et leur connaissance fine des enjeux de formation sont d’une grande valeur pour notre projet. My Moojo ne se contente pas d’héberger des campagnes, ils accompagnent véritablement les porteurs de projet avec une approche humaine et professionnelle. Nous avons senti dès nos premiers échanges que nous partagions la même vision : celle d’une éducation transformée par l’innovation et la collaboration.

Concevoir un jeu à deux, c’est une vraie aventure ! L’ouvrir à la communauté est un autre véritable défi ! Cela a dû impacter votre façon de travailler, non ? Est-ce que ce choix du crowdfunding a changé quelque chose dans votre manière d’imaginer, de créer et de faire évoluer votre jeu ?

Clément : Concevoir Pauuse·Playy à deux était déjà une gymnastique quotidienne entre nos deux visions. Olivier et moi nous connaissons depuis plus de dix ans, nous avons co-animé plus de 230 épisodes de podcast (ndr « Rendez-Vous en Terre Digitale ») ensemble, mais créer un jeu de A à Z a révélé de nouvelles dynamiques dans notre collaboration.

Le crowdfunding a ajouté une dimension à notre binôme : la communauté. Chaque décision importante sur le jeu est maintenant soumise au regard et aux apports de notre communauté. Cette transparence affine considérablement notre réflexion. Concrètement, cela a transformé notre processus de création. Nous communiquons beaucoup plus fréquemment : posts sur LinkedIn, épisodes dédiés dans notre podcast, newsletters régulières. Cette communication nous force à structurer notre progression en étapes claires.

Nous intégrons activement les retours des premiers testeurs. L’expérience du Learning Show 2025 à Rennes a été déterminante : nous avons fait tester nos prototypes à près de 100 personnes. Certains participants nous ont aidés à simplifier des règles ou encore à modifier certains mécanismes de jeu. D’autres nous ont suggéré des variantes d’utilisation auxquelles nous n’avions pas pensé. Cette intelligence collective bonifie le projet.

Enfin, le crowdfunding apporte un réel lien avec notre communauté. Nous créons pour des personnes qui ont cru en nous, qui ont mis leur confiance dans le projet. Cela donne une énergie incomparable, mais aussi une exigence de qualité et d’authenticité absolue.

Quels conseils donnerais tu à un formateur qui envisagerait de s’appuyer sur le crowdfunding comme vecteur d’innovation pédagogique, pour que ce type de financement devienne aussi un levier formateur et non seulement un levier financier ? Pour finir : le crowdfunding, est-ce pour toi un outil, une posture, ou une pédagogie ?

Clément : Pour qu’un crowdfunding devienne un véritable levier formateur, je donnerais trois conseils essentiels aux formateurs qui se lancent dans l’aventure.

Premier conseil : considérez votre campagne comme un prototype pédagogique. Pour  nous, cela s’est traduit par des sessions de test au Learning Show 2025 à Rennes. Résultat ? Des mécaniques de jeu affinées grâce à leurs retours concrets. Votre campagne n’est pas une vitrine figée, c’est selon moi un laboratoire ouvert où votre projet prend vie sous les yeux de votre communauté.

Deuxième conseil : croyez en votre projet et démarchez activement, même au-delà de votre cercle immédiat. Le crowdfunding, c’est 80% de démarche active et s’appuie d’abord sur votre propre réseau. Nous avons contacté des responsables de formation, sollicité des invitations à des événements, écrit à des associations professionnelles. Le secret ? Être authentique. Partagez votre conviction, n’ayez pas peur de sortir de votre zone de confort.

Troisième conseil : ne cherchez pas l’enrichissement, fixez le juste montant pour poursuivre l’aventure. Nous avons calculé au plus juste ce dont nous avions besoin pour développer les 8 mini-jeux manquants. L’ensemble des coûts permet de payer notre illustrateur, Raphaël, notre game design, Didier, les impressions made in France mais aussi (à ne pas oublier de prendre en compte), les coûts de la campagne et de la plateforme et les coûts de la fiscalité associée à l’opération et ! Cette transparence budgétaire, partagée avec la communauté, crée une réelle confiance avec le public je trouve.

Pour moi, le crowdfunding, c’est avant tout un outil qui permet de faire deux choses simultanément : valider l’intérêt de votre projet et construire une communauté forte autour de lui. Les contributeurs deviennent des ambassadeurs qui portent naturellement votre vision. Cette communauté est un actif stratégique majeur : ce sont eux qui vous donnent les retours les plus pertinents et deviennent vos premiers prescripteurs.

Merci Clément pour cet interview et nous te souhaitons bonne chance pour Pauuse-Playy et le développement des futurs autres mini-jeux du parcours ! A bientôt !


– Site web du projet : https://www.pauuseplayy.fr/
– Site du crowdfunding : https://app.mymoojo.com/project/pauuseplayy
– LinkedIn : Clément Cahagne  Olivier Bernaert




Bonus : 
Le podcast de présentation du jeu créé avec l’IA de Skywork !
voir : Tutoriels Skywork (multi-agents)

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